Auteur : Denise

Origine des Halles de Paris

Les origines des Halles de Paris remontent à 1135, quand Louis VI le Gros décide de créer un marché sur le lieu dit des Champeaux, situé extra-muros à l’endroit d’anciens marécages.

Bientôt intégrées au centre de Paris qui s’étend progressivement au-delà de la ceinture marécageuse, les halles deviennent un grand centre d’échange prospère, et vont connaître au cours des siècles des transformations majeures.

Dés 1183 des halles en bois seront édifiées par Philippe Auguste puis en 1269 par Saint Louis. Sous Louis XVI, une nouvelle halle au blé va voir le jour, sans compter le cimetière des innocents remplacé entre 1785 et 1786 au profit d’un marché aux fleurs, aux fruits et aux légumes.

Henri III fera construire la place principale, le Carreau qui sera désormais bordée de maisons dotées de galerie marchande, les « piliers des halles » et procèdera à un élargissement des voies attenantes.

Cependant ces mesures s’avèrent insuffisantes : à la fin de l’Ancien Régime, les halles souffrent de réels problèmes d’engorgement et d’hygiène.

En 1808 Napoléon Ier qui souhaitait faire des halles le « Louvre du peuple » entreprend de doter Paris d’un réseau unifié de marchés couverts et de construire une vaste halle centrale entre le marché des innocents et la halle aux blés.

Mais faute de temps, ce grand dessein ne put voir le jour.

Les Halles Baltard

Surnommées « ventre de Paris » par Émile Zola qui, fasciné par la vie foisonnante qui s’en dégageait, leur consacra l’un de ses romans les plus célèbres, les halles constituent la principale source d’approvisionnement de la capitale et de son agglomération.

Délimitées à l’est par la rue Saint-Denis, au sud par la rue de la Ferronnerie, à l’ouest par la rue de la Tonnellerie et au nord par la rue de la Grande Truanderie, elles conservaient encore au début du XIXe siècle leur physionomie moyenâgeuse, comme le montre cette peinture de Giuseppe Canella l’Aîné.

La rue de la Tonnellerie y apparaît bordée de galeries couvertes, dits « piliers », qui abritent les boutiques des commerçants et des artisans. Une foule dense se bouscule dans ces galeries où s’entassent les denrées, souvent dans des conditions d’hygiène douteuses.

À cette insalubrité s’ajoute l’encombrement permanent des halles et des alentours, si bien qu’en 1842 le préfet de Paris, Rambuteau, crée la Commission des halles et la charge d’étudier leur réaménagement complet ou leur transfert.

Victor Baltard (1805-1874) Pionnier de l’architecture métallique, il fut Grand Prix de Rome 1833

Aussitôt, l’architecte Victor Baltard (1805-1874) élabore plusieurs projets successifs pour leur reconstruction. Après avoir imaginé dans un premier temps une solution hybride combinant la pierre et le fer, il s’oriente à la demande expresse de Napoléon III vers une structure entièrement métallique déployée en de vastes parapluies, s’inspirant de l’architecture contemporaine des gares et des propositions audacieuses présentées par son collègue Hector Horeau.

Après bien des tâtonnements et des hésitations, le projet définitif, qui consiste en l’édification de douze pavillons à ossature de fonte recouverts de vitrages et réunis par des rues couvertes, est finalement retenu en 1854, et les travaux entamés aussitôt à l’emplacement des halles de l’Ancien Régime.

Quinze ans furent nécessaires pour édifier dix des douze pavillons prévus. Une photographie d’Henri Lemoine prise vers 1900 montre ces nouveaux pavillons dont les hautes verrières et la structure métallique apparente constituent une véritable prouesse technique.

Les ressources offertes par le fer et le verre sont ici mises au service d’une meilleure hygiène, grâce à la création de nombreux espaces dégagés dont la ventilation et l’éclairage naturel sont assurés de manière efficace par des persiennes de verre.

Vue d’oiseau du projet Baltard de 1863

Postérité des Halles de Baltard

D’emblée, les pavillons édifiés par Baltard suscitèrent l’admiration des contemporains, émerveillés par ce chef-d’œuvre de légèreté et de transparence.

Sur le plan technique, les halles consacrent le triomphe de l’architecture industrielle, que l’on retrouve par la suite employée dans un grand nombre de constructions, des gares de chemin de fer aux marchés couverts en passant par la Bibliothèque nationale de Labrouste (1859-1868), les abattoirs de la Villette (1863-1867) et les bâtiments des expositions universelles.

Comme les halles, ces divers édifices s’intègrent au plan d’urbanisation élaboré par le préfet de Paris Haussmann, qui souhaitait adapter la capitale aux nouvelles exigences de la civilisation industrielle.

Sur le plan pratique, le projet de Baltard se révèle rapidement insuffisant, et les nouvelles halles demeurent encombrées par le trafic toujours plus intense et l’afflux de clients, bien qu’une dernière extension ait été entreprise entre 1935 et 1948 avec la construction des deux derniers pavillons de Baltard.

Ressurgit alors la question du déménagement des halles en dehors du centre de Paris : le 6 janvier 1959, au terme de longs débats, le conseil des ministres décide par ordonnance de transférer les halles à Rungis et à la Villette.

Malgré la mobilisation d’une partie de l’opinion en faveur du maintien des pavillons de Baltard in situ, leur démolition commence en 1971, deux ans après l’ouverture du nouveau marché de Rungis, au sud de Paris.

Seul un édifice échappa à la destruction et fut remonté à Nogent-sur-Marne où il est encore visible aujourd’hui.

La place laissée vide par les halles fut, quant à elle, bientôt occupée par un vaste centre commercial et culturel, l’actuel « Forum des halles », inauguré par le maire de Paris, Jacques Chirac, en septembre 1979.

Jeanne et Désiré Corneillet
Marcelle et Désiré Corneillet